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Kat White : "Quand je joue de la musique, c'est comme si je tombais amoureuse"

L'artiste rennaise et ancienne étudiante de l'université est la marraine de la 11ᵉ édition du Tremplin musiques actuelles "À vous de jouer !". Elle donnera un concert lundi 22 septembre à 18h au Tambour, à l’occasion de la présentation de la saison culturelle 2025-2026. Interview. 

Vous êtes une ancienne de Rennes 2. Quelles études avez-vous faites ?

J’ai fait une année de prépa hypokhâgne à Châteaubriand, puis j’ai intégré la licence de lettres modernes à Rennes 2 en L2. En L3, j’ai commencé en parallèle le conservatoire de Rennes en jazz. J’ai absolument adoré mes études, j’ai adoré Rennes 2, c’était génial. En L2, j’ai découvert la littérature comparée, c’est vraiment un des cours qui me passionnait le plus. Je me souviens avoir dit à une amie : "Quand je lis ou que j’écris, j’ai la même sensation que lorsque je joue de la musique : le cœur qui s’emballe, comme si je tombais amoureuse." 

En L3, il y a eu le Covid. J’ai eu beaucoup de chance, j’ai passé le confinement dans un manoir à Saint-Germain-en-Coglès avec 12 autres personnes. Dont certaines et certains faisaient de la musique. Elles et ils jouaient tout le temps. Moi, je faisais mes devoirs, mon mémoire de philo… C’était assez intense : je descendais pour aller à des partiels le matin pendant qu'ils et elles remontaient se coucher. Quand je leur disais "hé, il est 3h du matin !", ils répondaient : "Kat, c’est la fin du monde, ta gueule !" [rires]. J’étais trop bonne élève pour laisser tomber. Mais c’était une période incroyable. 

Kat White en concert live sur scène, en train de chanter une guitare à la main
Légende

© Gabriel Morin-Sloan

Votre passage à l’Université Rennes 2 a-t-il eu une influence sur votre parcours artistique ?

Oui, énormément. J’y ai rencontré des professeures et professeurs exceptionnels, très à l’écoute. Je pense notamment à Gaëlle Debeaux : son parcours et sa sensibilité littéraire sont incroyables. J’ai adoré ses cours. L’université m’a beaucoup apporté, m’a amenée à m’engager sur de nombreux sujets et m’a aussi apporté une réflexion sur ce que signifie être française, par la langue, par l'écriture, par les habitudes de vie... Je me rappelle d’un cours où nous avons étudié Éloa ou la sœur des anges d’Alfred de Vigny. Ce poème et ce cours m’ont tellement marqués que j’en ai tiré une chanson, Éloa. J'ai trouvé ce poème magnifique, ainsi que le personnage décrit dans le poème : douée d'une compassion singulière. Je me suis rendue compte que si jamais j'avais eu envie d'avoir un enfant, j'aurais aimé l'appeler comme ça. Or je n'en veux pas, et ce texte est devenu une lettre à cet enfant, mais aussi aux autres qui n'en veulent pas, et surtout celles qui n'ont pas le droit de choisir, comme les personnes AFAB [En anglais : Assigned Female At Birth, traduit en français par assignée femme à la naissance] aux États-Unis depuis Roe vs Wade. Ces questionnements m'ont beaucoup touchée, et cette chanson se veut engagée pour cette cause. À côté de ça, j’ai lu énormément en L2, notamment Hegel, Blanchot, Kundera, Descartes… Ces lectures m’ont beaucoup aidée à traverser mes questionnements existentiels, y compris plus tard, face à mes problèmes de santé. Tout cela a nourri ma culture artistique et mon écriture et donc la manière dont j’écris et crée.

Comment décririez-vous votre univers musical à quelqu’un qui ne vous a jamais écoutée ?

Les morceaux sortis sur les plateformes sont plutôt doux, assez folk, mais avec des textures plus rugueuses et un contraste entre une voix tendre et une énergie plus brute. En live, il y a davantage de tension, parfois même une forme d’agressivité. Mais toujours avec beaucoup d’émotion, je dirais qu’il y a un côté instinctif. Les textes, en français comme en anglais, sont souvent engagés.

Y a-t-il des thématiques ou des émotions qui traversent particulièrement votre écriture ou vos compositions ?

Oui, mes chansons naissent presque toujours d’une émotion. Quand j’étais ado, à chaque grosse émotion, je prenais ma guitare et j’écrivais une chanson. C’est encore aujourd’hui ma manière de composer. Avec le temps, j’ai appris de nouvelles techniques, mais parfois elles me semblaient freiner l’expression brute. Aujourd’hui, j’ai retrouvé ce rapport instinctif, tout en ayant plus de maîtrise instrumentale, ce qui me permet de travailler davantage sur les textes et les émotions. J’écris beaucoup sur ce que je vis : les adieux, l’amour, la santé mentale, le deuil de la personne qu’on voudrait être et l’acceptation de celle qu’on est.

Kat White cheveux blond platine sur un rocher, au bord de la mer avec en arrière plan l'aurore, un ciel très claire, rosée
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Kat White © Wild Youth

Vous êtes marraine de la 11e édition du tremplin À vous de jouer !. Avez-vous déjà bénéficié d’un dispositif similaire ?

Oui, plusieurs fois. Les deux derniers m’ont particulièrement marquée. Le premier, c’était le dispositif "Horizons", porté par l’Antipode, le Jardin Moderne, en partenariat avec le 4bis et la radio Canal B. On a eu des formations précieuses sur la structuration de projet, les contrats, le rôle des avocats… Des choses auxquelles on ne pense pas quand on débute dans la musique, c'est vraiment très chouette et précieux d’avoir ces conseils-là. J’ai aussi reçu des conseils sur le corps, la présence sur scène, la santé…

Le second, ce sont les Transmusicales. On a fait une tournée dans l’Ouest, c’était dingue. Jean-Louis Brossard est venu nous voir jouer sans qu’on le sache, puis il nous a invités. On voulait jouer en full band, mais le premier concert à quatre a été aussi iconique que catastrophique. Je sortais de l’hôpital, encore sous médicaments, j’ai mis mon costume de scène avec mon bracelet d’hôpital. Il nous a fait des retours sur les choses à retravailler. On a ensuite travaillé ce qu’il fallait améliorer, puis fait la tournée, et on a fini par un concert au Liberté à Rennes. C’était trop génial, le public était super attentif !

Quel(s) conseil(s) aimeriez-vous donner aux jeunes artistes qui hésitent à se lancer, ou qui envisagent de candidater au tremplin ?

Je dirais : n’hésitez pas. Même si vous ne gagnez pas, c’est déjà énorme de candidater. Ça vous entraîne à montrer votre travail, à le défendre, à défendre ce qui vous tient à cœur. Et puis, être pris ou non, ce n’est pas un jugement de valeur, mais plus souvent ce sont des questions de goûts personnels. Dans tous les cas, ça permet de rencontrer du monde et de faire connaître son projet !

Participez à la 11e édition du tremplin "À vous de jouer !", marrainé par Kat White.

Quels sont vos projets du moment ?

Côté concerts : 22 septembre au Tambour, 27 septembre à la Guinguette de la Halte à Laval,  1er octobre à L’Ubik à Nantes, 17 octobre à la Médiathèque de Vendôme, 19 Fest dans ton Salon St Aubin du cormier (proche de Rennes), 6 novembre - première partie de Atrium aux Champs Libres, 8 novembre - Festival Kool Things à l'Antipode, 12 novembre - Sofar Paris, 25 novembre - Le Grand Logis (Bruz) (proche de Rennes). Et, il y a plein d’autres dates à venir, tout est en ligne sur Songkick

Nous avons aussi enregistré un EP qui sortira bientôt. Et comme j’écris beaucoup en ce moment, il y aura de nouveaux morceaux dans nos prochains sets. Venez-nous voir pour les découvrir !

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